Qu’est-ce que l’artériopathie ?
L’artériopathie est une maladie chronique qui peut présenter des complications potentiellement graves, notamment des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux, des atteintes rénales pouvant conduire à une défaillance rénale nécessitant une dialyse, des atteintes oculaires pouvant entraîner une cécité, et enfin des atteintes des artères des membres inférieurs.
Les artères des membres inférieurs sont particulièrement vulnérables chez les patients atteints de diabète. En raison de l’altération de la circulation sanguine, les vaisseaux qui nourrissent les jambes peuvent être gravement affectés. Cette situation peut entraîner une douleur au niveau des membres inférieurs, en particulier lors de la marche, ce que l’on appelle la claudication intermittente. Dans les cas les plus sévères, cela peut même conduire à une gangrène, mettant en danger le membre atteint.
La prise en charge de l’artérite est primordiale pour prévenir ces complications graves. Il est essentiel de maintenir un bon contrôle de la glycémie et des facteurs de risque cardiovasculaires, tels que l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le tabagisme. De plus, un suivi médical régulier et une prise en charge spécialisée sont recommandés pour détecter précocement toute altération de la circulation sanguine dans les membres inférieurs et prendre les mesures nécessaires pour éviter les complications graves.
En tant que médecin, je vous encourage à suivre attentivement les recommandations de votre équipe médicale et à prendre votre santé en charge de manière proactive. Un contrôle strict du diabète et un mode de vie sain peuvent aider à prévenir les complications de l’artérite diabétique et à améliorer votre qualité de vie.
Rappel sur les artères des membres inférieurs
Il est essentiel de comprendre la structure et le parcours des artères des membres inférieurs pour mieux appréhender l’importance de leur fonction dans la vascularisation de cette région du corps. Au niveau de l’ombilic, l’aorte, la plus grande artère du corps, se divise en deux branches appelées artères iliaques. Chaque artère iliaque va ensuite alimenter un membre inférieur. L’artère iliaque se prolonge dans la cuisse en devenant l’artère fémorale, qui prend naissance au niveau de l’aine. La fémorale est une artère majeure qui joue un rôle crucial dans l’irrigation sanguine de la jambe. Au niveau du genou, l’artère fémorale donne naissance à l’artère poplitée. Cette dernière va à son tour se diviser en trois artères principales qui assurent l’irrigation de la jambe. La première d’entre elles est l’artère tibiale antérieure, qui se dirige vers l’avant de la jambe et assure la vascularisation de cette région. La deuxième artère est l’artère tibiale postérieure, qui suit une trajectoire vers l’arrière de la jambe pour irriguer cette partie du membre inférieur. Enfin, la troisième artère issue de l’artère poplitée est l’artère péronière, qui se situe sur le côté externe de la jambe et contribue également à l’irrigation de cette région.
Ces artères des membres inférieurs jouent un rôle crucial dans la fourniture de sang oxygéné aux muscles et à la peau de la jambe. Leur bon fonctionnement est essentiel pour assurer une circulation sanguine adéquate et prévenir les complications liées à l’insuffisance artérielle.
L’artériopathie des membres inférieurs
L’artériopathie (ou artérite) des membres inférieurs, également appelée artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), est principalement causée par des lésions athéromateuses qui entraînent une obstruction des artères des jambes. Ces lésions se forment suite à un dépôt de lipides (cholestérol) sur la paroi interne des artères, ce qui réduit leur calibre (sténose) et favorise la formation de caillots sanguins, entraînant ainsi une obstruction de l’artère.
Dans le cas de l’artérite diabétique, on observe principalement une atteinte des petites artères situées entre le genou et les orteils, ce que l’on appelle l’artérite distale. Cette affection entraîne une diminution de la perfusion sanguine des muscles et des tissus cutanés des extrémités, en particulier du pied. Les personnes atteintes de diabète présentent un risque d’artérite 2 à 5 fois plus élevé par rapport aux patients non diabétiques. Dans les cas les plus graves, l’évolution de l’artérite diabétique peut conduire à des complications telles que la gangrène, augmentant le risque d’amputation qui concerne environ 7% des patients diabétiques. Cette atteinte évolue généralement lentement, mais sa progression peut être accélérée par des facteurs de risque tels que le tabagisme, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le surpoids. L’âge constitue également un facteur de risque favorisant l’apparition de lésions artérielles.
Il est important de prendre en charge l’artérite des membres inférieurs de manière précoce et adaptée pour prévenir les complications graves, notamment en corrigeant les facteurs de risque et en adoptant un mode de vie sain. Si vous présentez des symptômes tels que des douleurs dans les jambes pendant la marche ou des troubles de la cicatrisation, il est essentiel de consulter un médecin spécialiste pour une évaluation approfondie et un suivi régulier. Le traitement précoce et adéquat peut aider à améliorer la qualité de vie et à réduire le risque de complications graves liées à l’artérite des membres inférieurs.
Quels sont les symptômes de cette maladie ?
Les symptômes de l’artérite peuvent varier en fonction de la sévérité de l’atteinte artérielle. Le premier signe clinique qui doit alerter le patient est une douleur ressentie sous forme de crampe dans les mollets ou les pieds après un effort, en particulier lors de la marche. Cette douleur s’estompe lorsque le patient s’arrête de marcher, lui permettant ainsi de reprendre son activité après quelques minutes de repos. Cette douleur est due à une diminution du débit sanguin artériel dans les muscles. Pour évaluer la gravité de l’atteinte artérielle, nous mesurons la distance de marche (périmètre de marche) au-delà de laquelle le patient ressent une douleur. Cette distance est un indicateur important pour suivre l’évolution de la maladie et évaluer l’efficacité d’un traitement médicamenteux ou chirurgical.
Dans les formes plus sévères, le patient peut se plaindre de douleurs dans les jambes même en position allongée, ce que l’on appelle des douleurs de décubitus. Dans ces cas, le patient peut être contraint de dormir en position assise ou avec les jambes pendantes pour soulager les douleurs.
Dans les stades avancés de la maladie, des ulcères artériels peuvent apparaître, principalement sur des points de frottement tels que les extrémités des orteils, les bords latéraux des pieds ou les talons. La cicatrisation de ces lésions est souvent difficile en raison de la diminution de l’oxygénation des tissus causée par la baisse du débit sanguin dans les artères. Chez les patients diabétiques, cette atteinte est parfois indolore en raison d’une atteinte concomitante des nerfs (neuropathie).
Un examen clinique systématique des artères et des membres inférieurs, ainsi que la recherche de plaies artérielles, sont essentiels chez les patients diabétiques. En cas d’artérite, le pied ou la jambe peuvent être froids et pâles, la peau apparaît fine et fragile. Les pouls des membres inférieurs peuvent être mal perçus ou absents. Ces signes sont souvent observés à un stade avancé de la maladie, car la diminution de la perfusion sanguine est compensée par la formation de nouveaux vaisseaux sanguins qui assurent une circulation collatérale de suppléance pour apporter du sang oxygéné aux jambes. Cependant, ce réseau collatéral peut souvent être insuffisant pour assurer une bonne vascularisation du pied. Il est donc essentiel de surveiller attentivement ces signes et de consulter un médecin spécialiste en cas de doute pour une prise en charge précoce et adaptée de l’artérite diabétique.
Quels sont les risques de cette atteinte artérielle chez le diabétique ?
L’artérite des membres inférieurs présente des risques accrus chez les patients diabétiques par rapport aux non-diabétiques. Chez les diabétiques, cette atteinte est non seulement plus précoce, mais également plus fréquente et de plus grande gravité. En effet, l’artérite des membres inférieurs chez les diabétiques est souvent caractérisée par une atteinte très distale des artères, rendant plus difficile l’accès à une revascularisation par pontage ou par des techniques endovasculaires.
La localisation distale de cette atteinte artérielle chez les diabétiques est préoccupante car elle limite les options thérapeutiques disponibles. Les techniques de revascularisation traditionnelles, telles que le pontage ou les interventions endovasculaires, peuvent être moins réalisables ou moins efficaces dans les cas où les artères touchées sont situées en position très éloignée des principales artères. Cette situation accroît le risque de complications graves et de séquelles fonctionnelles majeures pour les patients diabétiques atteints d’artérite des membres inférieurs.
Il est donc essentiel de prendre en compte le diabète comme facteur de risque majeur dans l’évaluation et la gestion de l’artérite des membres inférieurs. Une détection précoce de cette affection, associée à un contrôle rigoureux de la glycémie et des autres facteurs de risque cardiovasculaire, ainsi qu’une prise en charge multidisciplinaire impliquant des spécialistes en chirurgie vasculaire et en diabétologie, peut permettre de limiter les complications et d’améliorer les perspectives de traitement chez les patients diabétiques atteints d’artérite des membres inférieurs. Une prise en charge précoce et globale de l’artérite diabétique est donc cruciale pour prévenir les complications graves et préserver la qualité de vie des patients diabétiques.
Quels sont les principaux examens à faire ?
L’examen des jambes et des pieds est fondamental à la recherche d’une plaie cutanée potentiellement grave mais longtemps indolore.
Il est nécessaire de surveiller toutes les atteintes artérielles causées par le diabète : examen cardiaque à la recherche d’une atteinte des artères coronaires, évaluation des artères carotidiennes qui vascularisent le cerveau pour prévenir la survenue d’un accident vasculaire cérébral.
Les examens complémentaires les plus importants :
- L’écho-Doppler artériel
C’est l’examen le moins invasif, réalisé par un angiologue, permettant d’évaluer le degré de rétrécissement des artères et de rechercher la présence d’artères « obstruées » en déplaçant une sonde d’échographie sur le trajet des artères. Cet examen est non douloureux et très fiable. Il doit être complété par la mesure de l’IPS (index des pressions systoliques). Cet index évalue la qualité de la perfusion artérielle au niveau du pied, mais il peut être impossible à mesurer chez le patient diabétique en raison de la présence de calcifications artérielles. L’écho-doppler est l’examen de référence dans le cadre du dépistage de l’artérite chez le patient diabétique. Afin de préciser l’atteinte artérielle retrouvée par l’examen écho-doppler, on a parfois recours à des examens dits morphologiques permettant de préciser les lésions, notamment si l’on envisage un traitement chirurgical :
- Angioscanner et angio-IRM :
l’angioscanner nécessite une injection de produit à base d’iode à l’intérieur des veines. Ces deux examens donnent une image de toutes les artères du corps humain et permettent de détecter d’éventuels rétrécissements, mais il n’est pas très performants pour explorer les artères des jambes lorsqu’elles sont calcifiées.
- Artériographie
il s’agit d’un examen invasif nécessitant la ponction d’une artère, classiquement l’artère fémorale au niveau du pli de l’aine. Cet examen apporte un diagnostic précis sur les lésions artérielles. Il est très utile pour préciser l’atteinte artérielle des artères situées sous le genou. Cet examen a un petit risque en raison de la ponction artérielle (risque d’hématome pouvant conduire à une intervention chirurgicale d’hémostase). L’inconvénient de cette technique est la nécessité d’injecter dans l’artère un produit iodé potentiellement nuisible pour la fonction de reins chez ces patients diabétiques souvent porteurs d’une atteinte rénale favorisée par la maladie diabétique. Il est admis de façon quasi consensuelle que l’artériographie diagnostique reste l’examen de référence pour l’évaluation de l’artérite distale sous le genou du patient diabétique